#Panamapapers et débuts en sql

Avec des centaines d’autres journalistes, dont pour la Belgique mes collègues @KristofClerix (Knack), Lars Bové (@ZaakJusticie, De Tijd), Xavier Counasse (@XaCoun) et Alain Lallemand pour Le Soir également, j’ai eu la chance de travailler plusieurs mois sur les Panama Papers.

panama

Je ne reviendrai pas sur l’apport primordial du journalisme de données et sur le fabuleux travail technique à mettre au crédit de l’ICIJ pour traiter les données apportées par le Süddeutsche Zeitung, ces aspects ont notamment été décrits ici. Pour ma part, le travail sur les Panama Papers fut notamment l’occasion de m’initier au SQL.

L’idée était de clore cette série de parutions en évoquant ceux qui en Belgique, logent maisons et appartement dans des sociétés offshore, à des fins fiscales essentiellement. Mais comment, autant que faire se peut, objectiver cet usage des paradis fiscaux? Contrairement à ce qui est en vigueur dans d’autres pays – la Suisse, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Ukraine… – l’accès au cadastre n’est pas public en Belgique et les nombreux échanges avec l’administration ne me furent d’aucune utilité.
Remarquant que dans de nombreux cas, les sociétés offshore qui détiennent un immeuble en Belgique ont également créé une succursale dans le pays, j’ai profité de la politique opendata de la Banque Carrefour des Entreprises pour télécharger l’intégralité des entreprises actives en Belgique (1,9 million) avec l’ambition de rechercher les sociétés répondant à certains critères : il fallait que leur siège social soit dans un paradis fiscal, qu’elles aient immatriculé une succursale en Belgique et enfin qu’elles entrent dans la catégorie “Société étrangère détenant un bien  Belgique”. Pour le dire plus clairement, les sociétés ayant une fiche signalétique semblable à celle-ci :
BCE

Un csv avec près de 2 millions d’entrées, c’est malheureusement beaucoup plus que ce que peut digérer Excel. Il fallait une autre solution, elle m’est venue de mon excellent confrère @Ettore_Rizza : il m’a convaincu de me lancer dans sql et m’a présenté DB Browser for SqLite. Ses bons conseils m’ont permis de me jeter tout de suite à l’eau et d’obtenir des résultats acceptables en un temps qui l’était tout autant.

Tout pouvait donc, avec le soutien de ma rédaction en chef, être mis en place :

  • Extraire de la bdd de la Banque Carrefour des Entreprises les immeubles belges détenus par des sociétés offshore puis les porter sur une carte.
  • Une grande partie des ces sociétés offshore ayant été immatriculées au Panama, j’ai pu y aller pour consulter quelques documents, voir de siège de Mossack Fonseca, rendre visite au Registre du Commerce de Panama City.  Ce reportage fut réalisé avec l’aide précieuse du Fonds pour le Journalisme.
  • Enfin, identifier certains propriétaires et pouvoir détailler l’histoire de quelques immeubles grâce aux documents des Panama Papers. Ces histoires furent également écrites par mon collègue Alain Lallemand.

Le travail complet fut publié sur 3 pages dans Le Soir à la fin du mois de mai. Il est pour partie également visible ici.

La carte a été publiée en ligne mais est reproduite ci-dessous.

Avec les avertissements et précautions d’usage :

  • Les sociétés qui figurent sur cette carte proviennent de la Banque Carrefour des Entreprises, il s’agit donc des données officielles et vérifiées, relatives à des sociétés situées dans des paradis fiscaux, ayant établi une succursale en Belgique et possédant un bien immobilier. Ce bien est le plus souvent logé à la même adresse que la succursale, mais pas forcément. Il peut aussi s’agir d’un appartement et non d’un immeuble entier. Aucune collaboration n’ayant été possible avec l’administration du cadastre et avec le SPF Finances, nous n’avons pu aller plus loin dans cette vérification.
  • La mise à jour des données de la Banque Carrefour des Entreprises dépend du bon vouloir des propriétaires de sociétés. Il arrive que ceux-ci ne signalent pas à la BCE la disparition de leur société offshore et/ou de la succursale belge, ce qui rend les données obsolètes. En d’autres mots, cette carte est à lire avec précaution et à titre indicatif, il est probable que des sociétés ont été dissoutes et que des immeubles ont changé de propriétaire sans que ces modifications aient été portées à la connaissance de la BCE.
  • Enfin, les photos qui accompagnent chaque société sont automatiquement générées par Google Streetview, avec les limites que cela suppose.